Chers frères et sœurs dans le Christ,
Remarquons que c’est après avoir reçu le baptême et que Jésus est rempli d’Esprit Saint que le
diable vient le tenter. Cela signifie pour nous que le fait d’être baptisé, de croire, d’être rempli de
l’Esprit Saint ne nous épargne pas des tentations, au contraire.
Certains d’entre nous ont vu le film «le grand miracle » voici 15 jours. On y voit de petits démons
qui viennent titiller les personnes qui viennent se présenter pour recevoir le sacrement du
pardon : ils viennent les déconcentrer de ce pourquoi ils sont là ; ils viennent les empêcher de se
rapprocher du Seigneur. On pourrait donc dire que, plus il y a un enjeu pour vivre toujours
davantage de l’amour de Dieu, plus il y a des tentations, plus le malin se déchaîne et le combat
spirituel est fort. Le malin fait tout pour nous détourner de notre vocation qui est de louer notre
Seigneur et d’être ensemble, en communion avec Lui.
Plus nous essayons de vivre en amitié, en union avec le Seigneur, plus nous devenons familiers
de la lecture de Sa parole, plus notre discernement s’éclaire alors pour repérer ces tentations. La
spiritualité ignatienne qui sait distinguer nos mouvements intérieurs est d’une grande aide pour
discerner et repérer ce qui est l’œuvre du Seigneur ou de l’ennemi… Est-ce que cette décision
procure en moi une grande paix intérieure, même si elle est difficile, ou plutôt un trouble et de la
fébrilité ?
Dans ce récit, nous apprenons que Jésus jeûne depuis 40 jours. Et c’est dans ce contexte de
vulnérabilité et de solitude qu’il est tenté par le diable. Le diable va tout faire, épuiser toutes les
formes de tentation, pour détourner Jésus de sa mission :
La première tentation est : changer une pierre en pain. Il s’agit de la tentation du matérialisme.
Elle symbolise notre tendance à satisfaire nos besoins immédiats et à chercher le confort
matériel avant tout.
La deuxième tentation est : accepter de servir le diable en échange du pouvoir sur le monde. C’est
la tentation de la domination, de la puissance. Cette tentation représente le désir de pouvoir, de
gloire. Elle symbolise notre ambition démesurée et notre désir de contrôler les autres.
La troisième tentation est : se jeter du haut du Temple pour être sauvé par des anges. C’est la
tentation de paraître, la tentation de l’orgueil. Elle symbolise notre tendance à vouloir prouver
notre valeur et à mettre Dieu à l’épreuve.
Nous sommes les uns et les autres bien différents, avec nos propres histoires, et ne sommes pas
tous éprouvés par les mêmes tentations. On dit que le diable, le malin, souvent représenté dans
l’art comme un serpent, est rusé. Mais il n’est pas si inventif : il est doué pour repérer nos
faiblesses ; il utilise alors les mêmes subterfuges, et nous tombons souvent dans le même
panneau, avec les mêmes travers. C’est assommant et cela peut être décourageant si on s’arrête
là-dessus.
Une des ruses de l’ennemi est de faire croire qu’il n’existe pas. Et quand on ignore qu’on a un
ennemi, on n’est pas vigilant, on n’est pas prêt au combat.
Dans ce récit, Jésus n’est pas dupe, Il fait face au malin. C’est parole contre Parole : on voit
comment la parole est instrumentalisée par le démon qui cite des versets pour tenter Jésus. Et
Jésus répond, sans flancher, Lui qui est justement la Parole, le Verbe fait chair. Il est entièrement
tourné vers son Père, pour faire non pas sa volonté, mais la volonté de son Père.
Nous avons entendu dans le Psaume ce verset : « Tu marcheras sur la vipère et le scorpion ». C’est
une manière de dire que le malin ne peut rien faire si on ne lui ouvre pas la porte ; il n’a pas cette
puissance-là. Il ne faut pas avoir peur de lui car il n’a pas de pouvoir sur nous.
Notre liberté est soit de rester ferme, comme Jésus, soit de consentir à entrer dans la tentation.
De nombreux films abordent ce thème du combat spirituel ; je pense notamment à star Wars dans
l’épisode où le chevalier Jedi Anakin Skywalker consent à laisser entrer en lui la force obscure en
devenant le terrible Dark Vador afin d’obtenir puissance et domination. En trahissant ses valeurs,
le mal va alors le ronger de l’intérieur…
La 2e
lecture souligne la force de la Parole : face au mal, il nous faut porter une parole claire, qui
évite toute confusion ; nous sommes aujourd’hui dans un monde où il y a beaucoup de confusion,
des mots utilisés à tort et à travers et où on perd le sens.
Face à ce qui est confus, Jésus remet de l’ordre, avec une parole d’autorité. C’est l’œuvre du
Seigneur qui nous connaît mieux que nous-mêmes. Il vient nous restaurer, il nous donne d’être
unifié. La Parole de Dieu, elle est dans ta bouche, elle est dans ton cœur !
Il est bon pour chacun de nous de faire mémoire de tous les moments où nous avons été libérés,
sauvés du mal, comme Moïse l’a demandé au Peuple, pour ne pas oublier les bienfaits du
Seigneur.
Oui, qu’il est juste et bon de rendre gloire à Dieu pour ses victoires, de le louer : cela fortifie notre
foi, remet les choses dans le bon ordre ! La louange est un des meilleurs moyens de ne pas entrer
en tentation car elle permet de nous décentrer de nous-même, de nous tourner vers le Seigneur,
lui dire Merci. Nous sommes faits pour la louange…
Jésus est la Parole de vie, Il est vainqueur ; il a vaincu le mal, en restant fidèle à son Père ; il a été
tenté mais il est sorti victorieux, et le malin l’a quitté. Quelle espérance !
En cette année du Jubilé de l’espérance, mettons notre foi dans le Christ, lui qui est vainqueur de
tout mal.
C’est toi Seigneur mon refuge, mon rempart, mon Dieu dont je suis sûr !
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Les paroles de St Paul ont de quoi nous interroger aujourd’hui quand il dit : « car lorsque je
suis faible, c’est alors que je suis fort. » Comment peut on être fort quand on est faible ?
Cela est pour le moins paradoxal.
Je pense que les uns et les autres nous n’aimons pas être faibles, nous n’avons pas appris
à montrer nos faiblesses, ni même parfois à les reconnaître.
Nous préférons cacher nos faiblesses, par vulnérabilité, par peur d’être jugés, de dépendre
des autres.
La faiblesse existe sous différentes formes. Elle peut être d’ordre physique, psychologique.
Elle est représentée par nos deuils, nos peurs, nos accidents, nos tâtonnements, nos
enfermements, nos dépendances affectives, nos émotions essentiellement négatives, nos
contradictions, nos difficultés à communiquer.
Nous comprenons alors pourquoi il est si difficile de reconnaître nos faiblesses et encore
plus difficile qu’elles soient visibles.
Saint Paul non plus ne voulait pas accepter sa faiblesse puisqu’à trois reprises il a prié le
Seigneur de l’en délivrer. Le Seigneur ne l’a pas exaucé mais lui a donné la grâce
d’accepter sa faiblesse et d’en faire une force pour accomplir son ministère dans l’annonce
de l’évangile.
La faiblesse n’est pas une vertu mais une réalité fondamentale de notre condition humaine.
La société vante au contraire la force, la santé physique, intellectuelle, psychologique, qui
sont synonymes d’épanouissement et de réussite. On aime paraître fort. On préfère l’illusion
de la force à la réalité de la faiblesse. Pourtant nous sommes tous faibles et nul n’est plus
faible que celui qui se croit faussement fort.
Que peut bien vouloir nous dire St Paul à travers son témoignage ? en quoi cette
affirmation peut-elle nous aider à grandir dans notre confiance en Dieu ?
Remarquons que St Paul a reçu des révélations qui sont tellement extraordinaires que le
danger était grand pour lui que son orgueil le pousse à se surestimer. Le psaume fait
également écho au danger de l’orgueil : nous sommes rassasiés du rire des satisfaits,
du mépris des orgueilleux.
L’orgueil est le refus fondamental de reconnaître ses limites et en particulier de reconnaître
ce que l’on doit à Dieu et aux autres. Les Pères de l’Eglise voient dans l’orgueil l’origine de
tout péché. L’orgueil est à la racine de tout mal. Alors, que nous le reconnaissions ou non,
nous avons tous à lutter contre l’orgueil qui est en nous.
Nous comprenons mieux pourquoi Le Seigneur n’a pas délivré Paul de son écharde car la
délivrance aurait entrainé un mal encore plus grand pour lui et pour les autres en laissant
son orgueil se déployer.
La conscience de nos faiblesses donne l’humilité du coeur. il faut donc entourer la faiblesse
de tous nos soins.
Comprendre sa faiblesse et l’accepter permet d’enrichir sa vie intérieure car c »est au coeur
de notre faiblesse que l’Esprit Saint vient nous donner sa force. Il nous aide à tenir debout
dans la vie et dans l’adversité.
Il se peut que parfois nous trouvions que la vie nous impose des épreuves insurmontables
tant elles nous meurtrissent et semblent nous anéantir, mais comme saint Paul le dit dans
sa 1ère lettre aux Corinthiens, » Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez
éprouvés au-delà de vos forces. Mais avec l’épreuve il donnera le moyen d’en sortir et la
force de la supporter.. »
comme la Vierge Marie au pied de la croix. «l’Esprit Saint vient au secours de notre
faiblesse » (Rm 8, 26)
Accepter notre impuissance, notre ignorance et notre pauvreté est une invitation à créer
avec les autres des relations de non-puissance : en effet, reconnaissant notre faiblesse
nous pouvons accepter celle des autres et la faire nôtre, à l’imitation du Christ, serviteur
doux et humble de cœur.
A l’opposé, ne pas reconnaître sa faiblesse nous conduit, comme le dit Saint Paul à nous
laisser conduire par notre orgueil qui nous fera penser que nous sommes supérieurs aux
autres en nous surestimant.
Et nous voyons les conséquences graves de l’orgueil dans ce passage de l’évangile où
Jésus enseigne dans une synagogue. Vous aurez remarqués que dans un premier temps
les auditeurs sont frappés d’étonnement, ils reconnaissent la sagesse des paroles de Jésus
ainsi que les grands miracles qui se réalisent par ses mains. Mais l’orgueil ferme la porte de
leur cœur pour des raisons futiles « c’est le fils du charpentier et de Marie », les poussant à
rejeter Jésus, préférant les ténèbres à la lumière.
Dans les faiblesses que nous portons, Dieu nous adresse cette parole à chacun de nous ce
matin : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. »
Heureux sommes nous si nous reconnaissons notre faiblesse et demandons au Seigneur la
grâce qu’elle ne soit jamais source d’isolement, de jalousie, de fermeture du coeur, de de
tristesse ou de désespoir,
mais au contraire, demandons la grâce que notre faiblesse nous conduise à toujours plus
d’humilité, à la main tendue aux frères et sœurs pour aider et être aidés, à remettre
simplement nos vies dans les mains du Seigneur pour qu’elles deviennent une force
d’amour.
Marie ne cesse de nous l’enseigner dans son magnificat : Déployant la force de son bras, il
disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
D’un cœur confiant Seigneur, entre tes mains je remets ma faiblesse.
Amen