Homélies


Homélie de Patrice Ménard, diacre, pour le 30e dimanche du Temps ordinaire (26 octobre 2026)


Chers frères et sœurs en Christ,
En ce dimanche, l’Évangile nous présente deux hommes en prière au Temple : un pharisien et un
publicain. Les deux commencent leurs prières de la même manière « Mon Dieu », mais leurs
intentions sont bien différentes.
Le pharisien prie en lui-même, nous dit Jésus. Il a le regard tourné sur lui, et quand il regarde les
autres, c’est pour les juger, se comparer… Il s’acquitte pourtant des pratiques pieuses qui sont
prescrites : il jeûne, il prie, il fait l’aumône. Mais il n’attend rien de Dieu. Sa foi est « une foi de
surface » comme le remarquait Isaure, une jeune de 15 ans rencontrée jeudi… Sa prière est un
monologue centré sur lui-même : « Dieu, je te remercie de ne pas être comme les autres
hommes… » Il tourne en rond, prisonnier de son propre miroir, de sa suffisance. Il se suffit à luimême.
Le publicain, lui, « n’osait même pas lever les yeux vers le ciel. »Il se tient à distance et a un regard
sans complaisance sur lui-même. Par-contre, lui ne porte pas de jugement sur le pharisien. Son
attitude sincère l’ouvre à Dieu et à sa grâce.
Cette prière du publicain « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis » est reprise
dans la tradition orthodoxe et orientale, avec cette formule très proche, « Seigneur Jésus-Christ,
Fils de Dieu, prends pitié de moi, pécheur. » Cette prière, dite « prière du cœur », prise de manière
répétitive, peut aider à entrer dans une prière contemplative.
Ces deux hommes viennent donc au même endroit, le Temple. Leur démarche, extérieurement,
est la même. Mais seul le Publicain ouvre son cœur, se reconnaît pêcheur. Il sait combien sa vie
est nulle, c’est un collaborateur des Romains. Mais ce qui est très beau, c’est que, malgré sa
honte, il vient au Temple. Et c’est cette humilité que Jésus nous présente en exemple.
Je vous partage la remarque d’une autre jeune de 16 ans à propos de ce publicain ; je la cite : « Ce
publicain ne fait pas semblant d’être hyper nul afin d’attirer l’attention de Dieu sur lui en se
rabaissant, tout en pensant dans son for intérieur que c’est faux. Il pense vraiment avoir fait une
erreur, un péché, et ce qu’il désir, c’est simplement d’être pardonné pour repartir à zéro. En fait,
c’est grâce à cette vraie humilité, non simulée, qu’il devient juste aux yeux de Dieu ». Fin de
citation.
Cet homme a été saisi par le souffle de l’Esprit Saint pour se rendre ainsi au Temple. Il fait une
démarche de vérité : il vient se reconnaître petit, pauvre créature devant son Créateur. Et c’est
cette démarche d’humilité qui le fait devenir un homme juste. Jésus confirme ainsi ce verset du
Psaume que nous venons de chanter : « Le Seigneur entend ceux qui l’appellent : de toutes leurs
angoisses, il les délivre. Il est proche du cœur brisé, il sauve l’esprit abattu. »
Combien de fois nos églises de pierre sont témoins de ces personnes qui viennent, en silence,
dans le secret, se confier au Seigneur ? …
Contemplons l’action de Dieu qui vient nous saisir. Seul le Seigneur connaît ce qui nous habite
au plus profond. Il nous connaît même mieux que nous-mêmes. Il nous exhorte à fuir toute
hypocrisie. Il nous appelle à l’authenticité, à être en vérité devant Lui pour le laisser alors agir,
nous laisser façonner par Lui, jour après jour. C’est ce regard du Christ, rempli de miséricorde, qui
nous aide à devenir des hommes et des femmes justes.
En observant ce Pharisien se satisfaire de lui-même, nous pouvons aussi nous interroger : c’est la
mode de se prendre en selfies : on se regarde beaucoup. Et cette attitude narcissique,
autocentrée est, de plus, encouragée par les algorithmes de nos smartphones. Sans y prendre
garde, nous pouvons devenir « envahi de nous-même ». Cet évangile vient alors nous saisir : le
Christ veut nous libérer de tout esprit d’autosatisfaction et d’autosuffisance, en purifiant notre
regard.
Cela pourrait changer notre vie de nous poser régulièrement ces questions : comment Jésus me
regarde ? Comment regarde-t-il mon voisin, ma voisine ? Qui suis-je alors pour juger les autres ?
Qui suis-je, moi qui suis aussi un pêcheur, pour juger telle personne, qui a sa vie difficile ? »
Puissions-nous, en contemplant l’attitude du Christ, percevoir son regard d’amour infini que le
Seigneur a sur chacun de nous : Lui seul sait ce qui habite notre cœur, vraiment, Il ne s’occupe
pas des apparences.
Nous avons alors un rôle à jouer, les uns pour les autres, les uns avec les autres, pour être
vraiment dans une recherche de vérité, pour ne pas être dans une représentation, ou tenir un rôle,
mais demeurer, humblement, devant notre Seigneur, comme ses enfants, conscients de nos
beautés, mais aussi de nos misères. Mais surtout, que ces misères ne nous empêchent pas de
courir vers le Temple. Le Seigneur ne cherche qu’une chose : nous relever, nous porter contre son
cœur pour nous donner Sa Vie. « Tu ne rejettes pas, Seigneur, le pauvre, ni le malheureux. » Ton
Esprit Saint est ce souffle léger, qui a invité cet homme à venir au Temple, pour se prosterner
devant Toi.
Le chemin que nous donne Jésus, c’est simplement d’être là, présent, consentir à être soi,
conscient de ses limites, mais heureux, de se savoir tellement aimé et précieux, unique aux yeux
du Seigneur. Puissions-nous, en Le contemplant, percevoir ce regard d’amour infini que le
Seigneur a sur chacun de nous.
Que nos communautés soient des lieux où chacun peut venir en vérité, sans masque, sans peur
d’être jugé. Je cite notre pape Léon XIV dans sa première exhortation apostolique intitulée ‘Dilexi
te’ (Je t’ai aimé) : « Une Église qui ne met pas de limites à l’amour, qui ne connaît pas d’ennemis à
combattre, mais seulement des hommes et des femmes à aimer, est l’Église dont le monde a
besoin aujourd’hui. » Oui, que nos communautés, que nos lieux d’Église soient des lieux pour
chercher à vivre des relations en vérité, pour nous recevoir les uns les autres et nous rapprocher
du Seigneur.
Seigneur, donne-nous de consentir à Ton regard d’amour sur nous, donne-nous Ton regard, que
nous puissions regarder les autres comme un frère, une sœur, qui est, comme moi, un pauvre,
mais tellement aimé et désiré.
Amen


Homélie du père Rodrigue Boafo, le dimanche 19 octobre 2025

« Ne baisse pas les bras »
Baisser les bras face à des situations difficiles que nous pensons perdues, c’est courant. Un jour ou l’autre les choses nous tombent dessus et les bras nous en tombent. Ne plus avoir les bras complètement relevés est le signe de notre impuissance. Je me rappelle encore de cette mère, face à son fils dépité à la veille de son examen s’exclamer : « ne baisse pas les bras, tu t’en sortiras ! ». C’est une expression bien connue dans la boxe aussi. En boxe, baisser les bras peut être fatal au boxeur car il signifie par ce fait qu’il a abandonné le combat. Le savez-vous ? Ne pas baisser les bras a une origine biblique. Nous retrouvons cette expression imagée dans le combat d’Israël face aux Amalécites dans la première lecture.
En effet, au cours la marche au désert vers la terre promise, le peuple avait à passer cette effroyable bataille contre les Amalécites. Avant ce combat, Moïse demande à Josué de conduire la troupe pendant que lui, Aaron et quelques personnes vont à la montagne pour prier. Quand Moïse avait le bâton lever au ciel, nous dit le texte, le peuple gagnait. Et quand il était fatigué et baissait les bras, les Amalécites remportaient la partie. L’astuce trouvée était qu’assis sur la pierre, Moïse avait été aidé par les siens pour que les bras ne lui en tombent pas. Ce beau récit m’inspire trois choses à savoir :
Savoir déléguer

Moïse n’était pas au four et au moulin. Il a confié la charge de la troupe à Josué. On ne peut pas tout faire seul. La mission du Seigneur est réservée à tous et on doit pouvoir se faire confiance dans l’exercice de cette noble mission.
S’asseoir sur le rocher.

Moise est assis sur une pierre. Le rocher est le signe que Moïse ne comptait uniquement ses propres forces. Il a certes fait l’effort d’aller sur la montagne. Il a pris le bâton en main. C’est le signe de sa confiance en Dieu. Toutefois, il est assis sur le rocher. On sait que Dieu est le rocher. S’asseoir sur le rocher, contrairement sur le sable, c’est bâtir sur du solide. A partir de ce rocher, la victoire du peuple est assurée car c’est Dieu lui-même qui combattait pour son peuple. Puissions-nous trouver notre place sur ce rocher qu’est Dieu dans la prière pour l’annoncer à temps et à contre dans nos engagements quotidiens.
Demander le soutien des autres.

Solliciter l’aide des autres est tout aussi important que la confiance en Dieu. Dans les épreuves, demandons de l’aide et restons solidaires. La famille, les amis, la communauté chrétienne, c’est important pour ne pas se décourager.
En ce dernier jour de la semaine missionnaire, les textes nous rappellent que la foi et la prière vont ensemble. Prions et agissons avec foi afin que Dieu rende fructueux le travail de nos mains. On sait que le pire ennemi de la foi est le découragement. Il est fidèle notre Dieu et il ne dort pas. Aurions-nous suffisamment la foi pour crier vers lui sans jamais baisser les bras ? Seigneur augmente en nous la foi et que nous ne baissions jamais les bras dans nos missions de tous les jours


Homélie de Gilbert Puiroux, diacre, le dimanche 11 octobre 2025

Chers frères et sœurs dans le Christ,

L’Évangile d’aujourd’hui nous invite à regarder au-delà de la guérison visible, pour découvrir ce qui se joue au plus profond du cœur de l’homme : la rencontre avec Celui qui donne sens, unité et communion à toute notre vie.

Les dix lépreux ont entendu parler de Jésus de Nazareth comme d’un guérisseur. Alors, ils crient vers lui : « Prends pitié de nous ! » — sous-entendu : guéris-nous. Ce n’est pas la personne de Jésus qui les attire, mais ce qu’il peut faire pour eux. Leur cri est centré sur leur besoin, ce que nous pouvons comprendre.

Ils demandent ce que tout homme désire naturellement : la santé, la reconnaissance, la réintégration dans la société, pour le dire simplement — une vie normale.

Et la Parole puissante de Jésus les guérit tous, les relève et les rétablit dans leurs liens.

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais voilà qu’un Samaritain, « voyant qu’il était guéri, revient sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. »

Alors Jésus s’étonne : « Les neuf autres, où sont-ils ? »

Les neuf autres ont bien évidemment vu qu’ils étaient guéris, mais, ayant obtenu ce qu’ils voulaient, ils ont simplement repris le cours de leur vie.

Le Samaritain, lui, a perçu quelque chose de plus profond. Il ne s’est pas contenté de constater sa guérison : il a relu son expérience, il a pris conscience de ce qu’il vivait.

Et nous touchons ici, me semble-t-il, un point essentiel pour toute vie humaine et spirituelle : savoir prendre conscience.

Sans doute ce Samaritain a-t-il mesuré ce dont il avait été privé pendant sa maladie : la santé, l’amour, la proximité de ses proches, la vie sociale… Cette épreuve l’a conduit à reconnaître la fragilité et la vulnérabilité de son existence. Alors il rentra en lui-même comme le fils prodigue, pour découvrir combien sa vie ordinaire était en réalité riche de dons et de liens — richesses qu’il ne percevait peut-être plus, par habitude mais surtout par manque de conscience de ce qu’il vivait.

Sa maladie et sa guérison ouvrent ses yeux et son coeur sur la réalité de sa vie !

Dans la prise de conscience, il y a une réflexivité, c’est-à-dire un retour du regard sur soi-même — d’où l’expression : « faire son examen de conscience ».

Mais cette réflexivité, n’est pas de l’introspection égoïste : c’est un regard intérieur habité, une relecture de sa propre vie sous le regard de Dieu, pour y discerner ce qui est juste et bon, pour y découvrir un sens, une orientation, et la présence de l’Esprit Saint à l’œuvre.

Ainsi, l’examen de conscience nous sort du simple enchaînement des événements pour les relire et les interroger :

« Qu’est-ce que cette expérience m’a appris ? Qu’est-ce que cela révèle de mes peurs, de mes attachements, de ma foi ? Qu’est-ce que cela m’invite à changer, à confirmer, à approfondir ? »

Cette relecture permet de ne pas rester à la surface des choses mais de transformer chaque moment, douloureux ou joyeux, en occasion de croissance, humaine et spirituelle.

C’est exactement ce que vit le lépreux revenu vers Jésus : il comprend que ce n’est pas seulement sa peau qui a été purifiée, mais tout son être. Cette relecture l’ouvre à la gratitude d’où son retour vers Jésus pour le remercier et rendre gloire à Dieu.

Et comme pour nous rappeler que tout commence dans une rencontre, dans une relation, Marius va aujourd’hui être plongé dans l’eau du baptême. Par le baptême, il recevra cette grâce qui, toute sa vie, l’invitera à se tourner vers le Seigneur comme le lépreux guéri. Le baptême, c’est la première rencontre avec Celui qui guérit nos cœurs, qui restaure en nous la relation perdue, et qui fait de nous des vivants.

Nous le voyons dans cette parabole, le salut n’est pas imposé : il est proposé, sur les 10 lépreux un seul l’a accueilli. Jésus est Sauveur non pas en agissant à notre place, mais en ouvrant un chemin dans notre cœur que chacun est libre d’emprunter.

Quand Jésus dit au lépreux : « Ta foi t’a sauvé », il reconnaît que cet homme a accueilli l’action de Dieu.

Sa guérison devient salut, parce qu’il a répondu intérieurement à la grâce, en posant un acte de foi, de reconnaissance et d’amour.

L’intelligence du cœur n’est pas une compréhension intellectuelle du salut, mais une ouverture intérieure, un consentement profond à la vérité et à l’amour.

Chers frères et sœurs, demandons au Seigneur la lumière de son Esprit Saint, pour que la relecture de nos vies devienne une occasion de croissance humaine et spirituelle qui unifie tout notre être — corps, âme et esprit — dans une relation toujours plus grande avec le Christ et avec notre prochain.

Alors, en communion avec le Samaritain, nous pourrons rendre gloire à Dieu à pleine voix !

Amen.


Homélie de Patrice Ménard, diacre, le dimanche 21 septembre 2025

Dieu relève le faible
Frères et sœurs en Christ,
À travers cette parabole, Jésus nous invite à la vraie liberté. Il nous met face à un choix : servir
Dieu, ou avoir l’argent comme maître. Jésus nous exhorte alors à investir dans ce qui ne rouille
pas, car la vraie richesse, ce sont nos relations : la relation au Seigneur, la relation aux autres,
c’est ce qui demeure dans l’éternité. Il s’agit d’investir de notre temps, de nos moyens, de nos
talents, de notre énergie pour vivre de belles relations. La qualité des relations est pour Jésus un
fil conducteur de sa vie.
Dans la lecture du livre d’Amos et le psaume, nous contemplons Dieu qui a une relation
privilégiée avec les personnes humbles. Dieu apparaît clairement comme celui qui prend soin
du petit. Le Seigneur prend toujours le parti des plus fragiles, « il relève le faible ». Comment ne
pas penser au Magnificat chanté par Marie : « il élève les humbles. Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides ».
Ce passage d’Amos est d’une telle actualité : ce n’est pas d’aujourd’hui que des gens
malhonnêtes profitent du malheur des autres pour faire des affaires. On le voit même à l’échelon
des nations. Si jamais nous avons cette tentation d’utiliser un plus fragile pour notre profit,
quelqu’un de moins armé, moins équipé, n’oublions jamais cette parole du Seigneur qui avertit :
« Jamais je n’oublierai aucun de leurs méfaits ». C’est quelque chose de très grave d’abuser des
fragiles, extrêmement grave, car aux yeux du Seigneur, le pauvre est un prince.
Je cite le dernier verset du psaume : «Il relève le faible, il retire le pauvre de la cendre pour qu’il
siège parmi les princes, parmi les princes de son peuple ».
Est-ce que j’ai ce regard, comme notre Seigneur, pour voir les personnes en fragilité, les méprisés,
les malheureux comme des princes ?
Je vais vous témoigner l’expérience que j’ai eu la grâce de vivre avec mon épouse pendant quatre
ans à l’Arche, auprès des personnes ayant un handicap mental. Certains parmi nous, d’ailleurs,
les appelaient «les princes et les princesses ». Ces communautés sont un signe pour notre
monde de compétition, car elles témoignent que lorsque les personnes de bonne volonté se
mettent ensemble, avec au cœur des attentions les personnes les plus fragiles – c’étaient les
personnes avec un handicap, mais aussi tout un chacun qui a besoin à un moment d’être aidé –
eh bien, cela fonctionne, ça marche. C’est un signe fort qui montre que cette fragilité qu’on veut
souvent cacher, en fait, est le secret, car elle est ce qui nous relie et fait notre unité.
En effet, la fragilité nous renvoie à notre humanité commune : comme tout être humain, nous
sommes tous les uns comme les autres, des mendiants, des mendiants d’amour. On a tous
besoin d’aimer, d’être aimé, c’est la base de la base. Qu’on soit puissant, un influenceur célèbre,
ou un parfait inconnu, on est tous de cette nature humaine, des êtres de relation.
Voilà, mettre au cœur de nos vies, de nos relations, ce qu’il y a de pauvre et de méprisé est
un acte prophétique. Et ce ne sont pas que des mots ou une idée pieuse. Cet élan nous rend
profondément libre. Il rend inutile tout esprit de compétition et de ruse, car il nous invite à plus de
dons, à briser les chaînes, à casser nos raideurs, à nous rendre vraiment plus humains : mettre
les personnes fragiles au cœur de toutes nos attentions est source d’espérance, et c’est le terreau
qui construit la Paix véritable, cette Paix dont c’est aujourd’hui la journée internationale. Se rendre
compte aussi que chacun de nous a une part de fragilité, et l’accueillir, c’est vraiment faire la paix
avec soi-même. C’est le chemin pour comprendre la fragilité des autres, la discerner, l’accepter
et, ainsi, mieux vivre en société.
« Le Seigneur relève le faible ». Voilà une bonne nouvelle à partager ! C’est la clé pour notre
monde, pour notre pays : remettre les plus fragiles au centre, les personnes sans défense, les
enfants, les personnes très âgées, toutes les personnes en situation de vulnérabilité ou de
précarité, remettre les plus fragiles au cœur de notre communauté. Je ne sais pas trop comment,
mais c’est à inventer ensemble. En tout cas, ces textes nous invitent à ouvrir notre cœur, à nous
décentrer pour nous rendre attentifs les uns aux autres.
Prions, à la suite de saint Paul, pour que cette bonne nouvelle inspire nos dirigeants. Les
personnes qui exercent l’autorité ont en effet à entendre une parole de chrétiens engagés, au
service véritablement du bien commun, afin que nous puissions vivre en gérant honnête,
respectueux de ce monde dans lequel nous ne sommes que de passage. C’est cela, être
pratiquant. Ce n’est pas que venir à la messe, mais c’est vraiment vivre et être engagé en
cohérence avec l’évangile du Christ.
Comment prenons-nous part aux décisions politiques, à la gouvernance pour le vivre-ensemble,
à notre échelle ? Nos évêques insistent pour affirmer que l’acte politique est un acte très noble :
ils invitent tous les chrétiens à s’engager pour la justice sociale. Nous avons alors à mieux
connaître et approfondir la doctrine sociale de l’Église qui est tellement riche : elle apporte des
réponses cohérentes face aux défis majeurs de notre temps, avec toujours la dignité de chaque
être humain au cœur, la reconnaissance d’une dignité inaliénable.
Nous sommes non seulement invités à être attentifs aux personnes en fragilité, mais plus encore,
à nous mettre à leur école, car ils sont des maîtres en relation.
Puissions-nous nous mettre à leur école, à l’école de Jésus, car c’est Lui qui s’est fait le plus
pauvre des pauvres ; c’est le Christ, notre Seigneur Jésus, qui s’est abaissé au plus bas, pour
nous relever.
« De la poussière, il relève le faible, il retire le pauvre de la cendre pour qu’il siège parmi les
princes, parmi les princes de son peuple ».
Amen.


Homélie du père Rodrigue, le dimanche 14 septembre 2025

Chers frères et sœurs, en cette fête de l’exaltation de la croix, permettez moi de partager avec
vous quelques réflexions sur les raisons d’une telle célébration. En effet, pourquoi l’Église nous
invite-t-elle à exalter la croix qui est pourtant l’un des pires instruments de la cruauté humaine ?
Pourquoi Saint-Paul eut-il l’audace d’affirmer que la croix est sa seule fierté, son unique motif
de gloire ? C’est essentiellement parce que le Christ a transformé cet instrument de châtiment,
de torture, de barbarie humaine en instrument de notre salut.
Les lectures proclamées en ce jour, en particulier, l’Évangile de Saint-Jean, le proclame
solennellement, : « de même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi
faut-il que le Fils de l’homme soit élevé afin qu’en lui, tout homme qui croit ait la vie éternelle. »
Nous exaltons la croix du Christ pour plusieurs raisons qui souvent nous échappent ou
auxquelles nous ne pensons pas.
En cette fête, permettez-moi de rappeler quelques-unes des raisons pour lesquelles nous
exaltons la croix. Nous exaltons la croix du Christ parce qu’elle est l’instrument de notre salut.
Le prophète Isaïe le proclamait déjà (Is.53, 3-5) que ce n’est pas ses blessures que nous sommes
guéris. Sur la croix, Jésus a souffert pour que nous soyons guéris de nos infirmités et nos
blessures : blessure physique, spirituelle, morale. Pour que Jésus les guérisse offrons les lui.
Offrons-lui, nos maladies personnelles, nos infirmités personnelles, mais aussi celles de toutes
ces personnes que nous portons dans notre cœur, de toutes ces personnes qui nous ont demandé
la charité de notre prière.
Nous exaltons la croix du Christ parce qu’elle est source de libération. Oui, la croix du Christ
nous libère. Et l’apôtre St Paul, dans sa première lettre aux Galates (Ga 2, 24), nous le rappelle
en ces termes : « Il a porté nos péchés dans son corps, sur le bois afin que, mort à nos péchés,
nous vivions pour la justice afin que nous soyons libérés. » Jésus nous a libérés de nos péchés
pour que nous vivions dans la liberté des enfants de Dieu. Dès lors, pour être pleinement libre,
il nous faut venir à lui, vers sa croix.
Nous exaltons la croix parce qu’elle est l’instrument de notre réconciliation avec Dieu. En
Romain (5, 1) St Paul nous le dit en ces termes : « Nous qui sommes devenus justes par la foi,
nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ. » Nous voici en paix avec Dieu.
Frères et sœurs, laissez-moi vous poser une question ? Sommes-nous vraiment en paix avec
Dieu ? Sommes-nous en paix avec notre conscience, avec ceux et celles qui nous entourent ?
Que cette fête soit une occasion propice où chacun de nous retrouve la paix du cœur.
Nous exaltons la croix du Christ parce qu’elle a enlevé notre malédiction. En Deutéronome,
nous lisons que : « Maudit soit celui qui est pendu au bois du supplice. » Avant Jésus toute
personne crucifiée était considérée comme une malédiction. En Jésus notre malédiction s’est
transformée en bénédiction.
Nous exaltons la croix du Christ parce que sur elle, Jésus nous a offert le salut « J’ai envoyé
mon fils non pas pour condamner le monde, mais pour que par lui, le monde soit sauvé. » C’est
par la mort de Jésus et sa résurrection que nous entrons dans le mystère d’amour de Dieu. En
cette fête de l’exaltation de la Croix du Christ, puissions-nous prendre davantage conscience de
la valeur de la croix.
La célébration d’aujourd’hui nous rappelle que l’amour du Christ sur la croix nous a valu le
salut. Que le Seigneur nous aide à accueillir son infini amour pour nous. Qu’il nous aide
également à unir nos croix quotidiennes à la tienne à savoir les croix de nos maladies, de nos
échecs, des péchés qui ont été commis et dont le souvenir n’arrive pas à nous quitter.


Homélie de Patrice Ménard, dimanche 29 juin 2025 – Solennité de Saint Pierre et Paul, année C

Chers frères et sœurs en Christ,
Aujourd’hui, Jésus nous pose une question : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ?».
C’est une question ouverte, à laquelle chacun est pleinement libre de répondre, selon son propre vécu, sa foi, ses doutes…
Pour y répondre, il nous faut prendre du recul ; et justement la scène se déroule dans la région de Césarée de Philippe, un endroit éloigné du temple de Jérusalem et où sont érigés de nombreux temples païens. Cette région, où il y a donc une variété de cultes, est le lieu propice pour permettre aux disciples de répondre en toute liberté à cette question.
Jésus se définit lui-même comme « le Fils de l’homme ». C’est une expression qui revient 9 fois dans l’évangile de Matthieu. Cette appellation intrigante désignait un personnage collectif dans le livre de Daniel : or, dans ce livre de la Première Alliance, ce Fils d’homme n’est pas un individu solitaire, mais un peuple. Quand Jésus s’applique à lui-même ce titre de Fils de l’homme, il se présente donc comme celui qui prend la tête du peuple de Dieu.
Nous ressentons une solennité dans ce moment clé des évangiles : Simon-Pierre prit la parole « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »
Cette profession de foi est confirmée par Jésus de manière solennelle : « Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. »
Imaginez la Joie intense de Pierre lorsque Jésus lui affirme que c’est Dieu lui-même qui l’a inspiré.
Aujourd’hui, ce qui intéresse Jésus, c’est la réponse de chacun d’entre nous à sa question : « Pour toi, qui suis-je ? »
Cette une question à laquelle nous avons à répondre tout au long de notre vie, en cherchant jour après jour le Christ, Lui qui est « le chemin, la vérité et la vie ».
Or, Jésus est insaisissable et aucun chrétien ne peut dire : ça y est, j’ai tout compris de qui est Jésus, j’ai fait le tour… Jamais, car Il est le Tout Autre, l’Alpha et l’Oméga, Il est le Verbe, la Parole de Dieu, de toute éternité et avant le commencement du monde. Il est tout à la fois l’Agneau de Dieu offert en sacrifice, le serviteur souffrant, le Bon Berger, le Prince de la Paix, le Roi de l’univers… Alors, comment Le nommer sans craindre de prononcer des mots toujours réducteurs ?
Pour moi, voir Jésus, notamment voir Jésus sur la croix, c’est contempler l’Amour en action… Il est le don de Dieu, l’Amour donné.
Dans sa première homélie le 9 mai, le tout nouveau pape Léon affirmait que « Jésus est l’unique Sauveur et le révélateur du visage du Père ». Effectivement, le prénom même de Jésus est évocateur : « Yeshua » signifie « Dieu sauve ».

Il est l’au-delà de tout, mais Jésus n’est pas extérieur à nous ; Il vit au plus intime de chacun de nous. Il s’incarne en nous ; nous sommes Son visage ; en nous nourrissant de Sa Parole, en nous nourrissant de Son corps à chaque eucharistie, nous devenons jour après jour des Christs, appelés à une vie eucharistique, à une vie donnée…
• Est-ce que je crois que je suis un des visages du Christ ?
• Comment est-ce que je rayonne de cette vie du Christ en moi ?
• Est-ce que je reconnais le Christ vivant en mon frère, ma sœur, mon conjoint, mon voisin, l’étranger, le prisonnier, le mal aimé, celui que l’on persécute… ?


Jésus se révèle à nous différemment : pour certains d’entre nous, Il est le compagnon de route depuis toujours, pour d’autres Il s’invite à l’improviste…
On entend de nombreux témoignages aujourd’hui, notamment de la part de catéchumènes, faire l’expérience d’une rencontre mystique, où le Christ s’est révélé à eux à un instant précis…
C’est le témoignage de Natacha qui habite non loin d’ici et qui a eu une vie tant blessée, et depuis qu’elle a rencontré le Christ, elle se tient debout et s’épanouie jour après jour. Il y a quelques temps, elle a affirmé avec un sourire rayonnant « je me sens si forte aujourd’hui avec le Seigneur ». C’est vraiment beau à voir…
Pierre, comme Paul, « ces 2 colonnes de l’Église » que nous fêtons en ce jour, ont aussi fait l’expérience d’être sauvés par Jésus, d’être remplis de Sa force. Pierre est libéré de la prison d’Hérode par l’ange du Seigneur, et Paul, en relisant sa vie confie que c’est le Seigneur Jésus qui lui a donné la force de courir et de proclamer l’Évangile.
Jésus se révèle à nous de manière personnelle, mais en Église, nous exprimons une même foi par le Credo.
Je cite le Pape Léon : « Nous sommes appelés à témoigner de la foi joyeuse en Jésus Sauveur. Il est essentiel de le faire avant tout dans notre relation personnelle avec Lui, dans l’engagement d’un chemin quotidien de conversion. Mais aussi, en tant qu’Église, en vivant ensemble notre appartenance au Seigneur et en apportant à tous la Bonne Nouvelle ».
Alors, viens Jésus briser en nous toute résistance à croire en Toi, Toi qui es le Christ, le Fils du Dieu vivant !
Amen


Homélie de Patrice Ménard, diacre, dimanche de la Pentecôte le 08/06/2025


Chers frères et sœurs en Christ,
S’il n’y avait eu cette Pentecôte sur les disciples, serions-nous là ensemble ce matin ?
C’est le jour de la Pentecôte qu’est née l’Église missionnaire. En célébrant la Pentecôte, nous fêtons la naissance de l’Église missionnaire !
Nous sommes 50 jours après Pâques : à Jérusalem, la foule s’est rassemblée pour la fête juive de Chavouot où on commémore le don de la Loi (la Torah) à Moïse. Et voici qu’on entend un bruit « pareil à celui d’un violent coup de vent »…
A la Pentecôte, l’Église est ainsi constituée non par une volonté humaine, mais par la force de l’Esprit de Dieu.
Mais alors, quel est cet Esprit de Dieu, qui est l’Esprit Saint qui fait tant de merveilles ?
La première lecture et l’évangile de ce jour dévoilent des qualités de l’Esprit Saint ; pour cette méditation, j’aimerai retenir votre attention plus particulièrement sur 3 qualités :
1. L’Esprit Saint est notre défenseur,
2. L’Esprit Saint nous fait souvenir de tout ce que Jésus nous a dit,
3. L’Esprit Saint fait notre unité dans notre diversité.

  1. L’Esprit Saint est notre défenseur
    Jésus l’avait annoncé : « Je prierai le Père et Il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous » (Jn 14, 16) …
    Dès le soir de Pâques, les Apôtres ont vu Jésus vivant ; ils l’ont même vu plusieurs fois pendant les 40 jours précédant son Ascension. Ils auraient pu déjà être “regonflés à bloc” mais ils étaient encore dans la peur de témoigner, n’ayant pas encore le langage, ce langage symbolisé par ces langues de feu qui se sont posées sur chacun des disciples : tous ont reçu l’Esprit Saint !
    C’est cette effusion de l’Esprit Saint qui leur a donné le courage de ne plus rester enfermés, de sortir, et d’annoncer à tous les Merveilles de Dieu ; et les personnes de toutes les nations pouvaient les comprendre, chacun dans sa propre langue !
    Jésus l’avait annoncé : « il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai » (Jn 16,7). Il avait dit encore « Quand on vous livrera, ne vous inquiétez pas de savoir ce que vous ne direz ni comment vous le direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là. Car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt 10,19-20).
    Et effectivement, juste après cette effusion de l’Esprit Saint, Pierre, lui-même qui avait renié Jésus par 3 fois la nuit de la Passion, qui était un simple pêcheur de Galilée et qui n’avait pas fait de grandes études, se tient debout et annonce alors, sans peur et avec force, les merveilles de Dieu. Et alors « les auditeurs furent touchés au coeur » (Ac 2, 37).Aujourd’hui, dans notre pays où parler de Jésus est si délicat, il y a besoin de témoins qui prennent appui sur l’Esprit de Dieu. Et ne pensons pas que cet appel à être témoin de Jésus vivant s’adresse seulement à ceux qui nous paraissent « plus compétents », « plus à la hauteur ». Sommes-nous dans la peur de témoigner ? Ou faisons-nous vraiment confiance en l’Esprit du Seigneur qui agit en nous ? Laissons l’Esprit Saint, notre défenseur, briser toute peur et nous inspirer dans toutes les situations de nos vies, les paroles et surtout les attitudes les plus justes pour être artisan de paix.
  2. L’Esprit Saint nous permet de garder une mémoire vivante des Paroles de Dieu. Jésus, dans ce passage de l’évangile de Jean, annonce aussi une capacité que donne l’Esprit Saint : « Il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ! » … C’est le don de la mémoire de la Parole de Dieu ! Aujourd’hui, on a tendance à tout annoter, tout enregistrer, grâce aux moyens techniques (caméras, micros, ordinateurs…). On fait même des sauvegardes de sauvegardes sur les serveurs informatiques, par précaution… Avec l’Esprit Saint, pas besoin de « cloud », ni de « drive » ! C’est l’Esprit Saint qui permet que tout prenne sens. L’Esprit Saint a permis aux disciples de réaliser que Jésus venait d’accomplir tout ce qui avait été annoncé par les Prophètes ! Et l’Esprit saint, non seulement nous donne de rendre présent à notre esprit la parole de Dieu, mais Il nous donne aussi de la goûter, de la savourer, de l’accueillir comme une Parole de vie et d’approcher ainsi les mystères de Dieu. Comment dans le quotidien de ma vie je prends le temps de faire mémoire de la Parole de Dieu ? Est-elle pour moi une nourriture qui transforme ma vie ? C’est le fait de demeurer dans l’Esprit de Dieu qui nous fait accueillir en profondeur la Parole de Dieu, et de ne pas la zapper. Avons-nous soif de cette Parole Dieu qui rend nos coeurs tout brûlants ? Croyons-nous au plus profond de nous-même qu’Elle est Parole vivante et qu’Elle a quelque chose à nous dire de particulier à chacun de nous aujourd’hui ? Peut-être dans votre vie, il y a des moments où des passages de la Parole de Dieu viennent dans votre esprit : c’est peut-être Dieu qui vous parle au plus secret, comme un chuchotement… Ces motions viennent peut-être de l’Esprit Saint, c’est à discerner… Se souvenir, se rappeler, c’est aussi une manière d’aimer. Voici une petite anecdote : on m’a parlé d’un prêtre qui, au soir de sa vie, avait tout juste la force d’évoquer les références des textes de la Bible (Luc 24, 32…) et son regard s’illuminait en pensant à ces passages qu’il connaissait par cœur. Jésus nous exhorte à être attaché à Sa Parole, comme un amoureux est suspendu aux lèvres de l’être aimé. Et cet attachement nous rend justement pleinement libre !
  3. L’Esprit Saint fait notre unité « Les juifs de toutes les nations entendirent la voix qui retentissait » (Ac 2,6). Il y a une seule voix alors que les apôtres parlaient en tant de langues ! L’Esprit Saint donne d’annoncer d’une seule voix. L’Esprit Saint fait l’unité dans notre diversité : il est bon que dans nos assemblées il y ait différentes sensibilités, ce sont des richesses…. Ce n’est pas facile mais ces différences ne nous invitent-elles pas à creuser plus profondément, à aller nous retrouver à la Source, là où l’Esprit de Dieu nous unit ? A travers la diversité des cultures, des langues parlées sur terre, c’est bien le langage de l’Amour qui est compris par tous les hommes : c’est la langue du coeur, c’est la langue de l’Esprit Saint ! Oui, comme le dit Saint Paul dans son épître aux Romains, « l’Esprit de Dieu habite en chacun de nous » (Rm 8,11). Pour conclure : Et si nous priions ensemble, les uns avec les autres, les uns pour les autres, avec Marie, mère de l’Église, pour recevoir, comme les Apôtres au Cénacle, une nouvelle Pentecôte, être pleinement remplis des dons de l’Esprit Saint, pour ne pas être dans un esprit de peur mais dans un élan d’amour, pour rester attachés aux paroles de Jésus et être unis dans notre diversité. « Viens Esprit Saint embraser nos coeurs, que nous nous faisions de plus en plus petits pour laisser Ton Esprit Saint demeurer en nous ». Amen

Homélie de Gilbert Puiroux, diacre, 1ère des communions 2025, le 25 mai 2025

Chers enfants, chers parents, Chers frères et sœurs dans le Christ

Aujourd’hui, c’est une grande fête. Une très belle fête parce que vous, les enfants, allez recevoir Jésus pour la première fois dans votre cœur, en mangeant l’hostie consacrée.

Avec Marie, votre catéchiste, vous avez préparé ce grand moment. Elle vous a expliqué que, pendant la messe, au moment très spécial qu’on appelle la consécration, Rodrigue parce qu’il est prêtre, va dire les mêmes paroles que Jésus : « Ceci est mon corps… Ceci est mon sang… »

Et à ce moment-là, le pain ne reste pas seulement du pain mais devient Jésus lui-même, vraiment présent, même si nos yeux ne le voient pas. C’est un mystère, un cadeau de Dieu.

Peut-être que tu te dis : « Je ne comprends pas tout. Est-ce que je suis prêt ? ». Mais Ce n’est pas grave. La foi, c’est un chemin. Ça prend du temps et l’important tu sais ce n’est pas de comprendre mais de croire que Jésus est là et qu’il t’aime !


« Depuis très longtemps, l’Église nous apprend que ce pain devient vraiment Jésus. Alors aujourd’hui, nous faisons confiance à l’ Église. » Et surtout, nous faisons confiance à Jésus, qui a dit de faire cela en mémoire de Lui.

Jésus ne t’aime pas parce que tu es toujours sage ou gentil. Il t’aime parce que tu es unique, avec ton caractère et ta personnalité. Et depuis ton baptême, il a gardé ton prénom sur son cœur et il a promis d’être avec toi chaque jour.

Dans l’Évangile, Jésus dit : « Si quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui, et nous ferons chez lui notre demeure.» Cela veut dire simplement que ton cœur devient la maison de Dieu, comme un petit tabernacle vivant !

Jésus sera avec toi, dans ta vie, dans ton cœur, à chaque instant.

Quand tu es triste, demande à Jésus de te donner sa joie

Quand tu veux garder des choses rien que pour toi, demande à Jésus de t’aider à partager

Quand tu as envie de te venger, demande à Jésus de t’aider à pardonner

Quand tu es dans la joie  remercie Jésus pour son amour

Jésus t’apprendra toujours à aimer, à t’aimer et à aimer les autres !!! Mais pour cela il ne faut pas l’oublier !

Alors  Apprends à vivre avec lui pour qu’il reste présent dans ton cœur. Va au catéchisme avec tes copains et copines pour apprendre à connaître Jésus, fais un petit coin prière dans ta chambre, écoute des chansons qui parlent de Jésus et viens à la messe le dimanche prier avec toutes les personnes qui aiment aussi Jésus.

Tu peux lui parler chaque jour, même sans faire une grande prière. Moi par exemple tous les matins quand je me lève je fais un beau signe de croix en disant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, bonjour Jésus , je t’aime ! tu vois c’est très simple !

Quand tu recevras  l’hostie dans un instant, ce petit morceau de pain, ce n’est pas juste un symbole, une image, C’est vraiment Jésus. Il est là, vivant, présent, et il se donne à toi. À chaque fois que tu communies, Jésus remplit ton cœur de son amour.

A vous chères familles, chers paroissiens, les enfants ont besoin de notre témoignage parce que l’amour est contagieux !
Encourageons-les à croire, aidons-les à poser leurs questions, à traverser leurs doutes.
La foi donne un sens à la vie, un horizon, une espérance… et nous en avons tous tant besoin !

C’est pourquoi les paroles de Jésus, ce matin, sont aussi pour chacun et chacune de nous.
Et Pour celles et ceux qui se sentent un peu éloignés de Jésus, peut-être que ce jour est l’occasion de vous laisser rejoindre par son amour. Un amour discret, fidèle, profond… un amour qui peut vraiment combler votre cœur.

Chers enfants, n’oubliez jamais que Jésus est vivant, ressuscité. Il vous aime, et il sera toujours avec vous. Aujourd’hui, il vous fait le plus beau des cadeaux : son amour.

Êtes-vous prêts à vivre ce grand moment ?
– OUI ! Alors ouvrez grand votre cœur…
Car vous allez recevoir l’amour, la paix et la joie de Jésus.
Amen.


Homélie de Gilbert Puiroux, diacre, 6° dimanche de Pâques, 25 mai 2025

Chers Frères et sœurs dans le Christ

Si nous sommes présents ce soir, ce n’est pas simplement par habitude ou devoir, mais parce que nous aimons Jésus et que nous désirons l’aimer davantage.

Aussi pourrions-nous nous poser la question : que devons nous faire si nous aimons Jésus ?

Et l’évangile de ce jour peut nous éclairer car il est prononcé en plein cœur de la Cène. Jésus vient de laver les pieds de ses disciples, Judas est parti pour le trahir, et Jésus s’adresse désormais aux onze, dans une atmosphère à la fois intime et grave.

Jésus veut ancrer ses disciples dans la fidélité à son enseignement, en leur disant : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. »

Jésus ne donne pas de règles morales, de prescription, de loi, non Jésus nous dit l’essentiel, la racine, la source de notre amour pour lui : « garder sa Parole! ».

Nous savons combien elle est présente dans toutes nos liturgies, nos temps de prière, dans toute la vie de l’ Eglise. La parole de Jésus doit devenir notre nourriture spirituelle, notre pain de chaque jour. C’est pourquoi la liturgie des heures est si importante dans l’Eglise, elle rythme la journée et nous met constamment en présence de Jésus et, en communion les uns avec les autres.

Mais cette Parole imprègne-t-elle toute notre vie ? ou reste-t-elle cloisonnée à nos rites religieux ? Comment habite-t-elle en nous, et que produit-elle en nous ?

Garder la Parole, ce n’est pas simplement la connaître par son intelligence, être capable de citer des versets mais c’est la désirer, l’écouter, la laisser nous transformer.

Quand, le soir, vous relisez votre journée et que vous venez de lire le passage de l’évangile de Matthieu  » « Ne jugez pas, pour ne pas être jugés ou bien tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ; et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? » alors vous portez un autre regard sur votre attitude vis-à-vis des personnes que vous avez côtoyées dans la journée, votre cœur s’assouplit plutôt que de se durcir.

C’est cela le miracle de la Parole dans nos vies. Si Nous ne pouvons pas complètement changer qui nous sommes, nous pouvons évoluer, grandir et transformer notre manière d’être.

Comme nous le lisons dans le livre d’Isaie : « La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission. »

Comprenons-nous alors l’importance des paroles de Jésus pour nous ce soir ?

Aimer Jésus, c’est vouloir entendre sa voix, toujours et en tous lieux, dans la joie, dans le silence, dans les épreuves.

Garder la Parole est un chemin de croissance souvent lent. Nous avons en nous des résistances, des peurs, des blessures, mais Jésus est patient, Il ne cherche pas des disciples parfaits mais des cœurs sincères qui veulent grandir avec lui en reconnaissant leurs faiblesses et leurs fragilités.

Alors Jésus nous fait une promesse extraordinaire : « Mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et nous ferons chez lui notre demeure. »

Quand nous gardons la Parole de Jésus, Dieu vient habiter en nous Notre cœur devient la maison de Dieu, un tabernacle vivant !

C’est prodigieux, nous sommes là face au mystère de l’incarnation ! Dieu vient jusqu’à nous, en nous !

Ce que nous ne pouvons ni comprendre, ni croire par nous-mêmes, l’Esprit Saint nous le rend possible. Jésus l’a promis : « L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui vous enseignera tout, il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »

Voilà notre espérance. Ce n’est pas par nos efforts, nos mérites, notre intelligence que nous connaissons Jésus , c’est par l’Esprit, par grâce, par amour.

Saint Paul le dit : « Nul ne peut dire ‘Jésus est Seigneur’ sinon dans l’Esprit Saint. »

Alors dans notre marche vers la Pentecôte, prenons conscience de manière toujours plus vive que Jésus nous choisit chacun et chacune personnellement, donnons lui notre confiance totale et sans conditions en ouvrant notre cœur, nous sommes déjà plongés dans cette communion d’amour entre le Père et le Fils.

L’Esprit Saint est à l’œuvre, en nous, entre nous, autour de nous. Il fait de notre vie une terre féconde. Il nous rend capables de garder la parole, non par obligation, mais par amour. Et il fait grandir en nous le fruit qui demeure : la paix, la joie, et l’amour de Jésus.

Amen.


Homélie de Patrice Ménard, diacre, 4e dimanche de Pâques C 11 mai 2025

Frères et sœurs en Christ,
Quelle bonne nouvelle ! Jésus nous connaît, nous ses brebis, et Il nous connaît même mieux que nous même. Quel amour protecteur : « Jamais mes brebis ne périront, personne ne les arrachera de ma main ! ». Quelle parole de réconfort !
Nous, son troupeau, avons à écouter Sa voix, à connaître et à reconnaître Sa voix : « Nous sommes à Lui, nous son peuple, son troupeau » avons-nous chanté dans le Psaume.
« L’Agneau sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie » écrit Jean dans le livre de l’Apocalypse.
Mais comme il est facile d’étouffer en nous cette Parole de vie en restant centrés sur nos préoccupations, nos soucis… Nous avons tous besoin d’être encouragés, réveillés, stimulés sur le chemin de la foi. C’est ce à quoi œuvraient Paul et Barnabé à Antioche : ils « encourageaient leurs auditeurs à rester attachés à la grâce de Dieu ». Voilà une belle mission pour les pasteurs, pour notre nouveau Pape, lui le Serviteur des serviteurs.
« Acclamez le Seigneur, terre entière ! ». Toutes les lectures de ce dimanche des vocations nous rappellent que Dieu est impatient que Son salut soit annoncé à l’humanité tout entière. Nous avons entendu dans les premiers mots de notre nouveau pape cet empressement à annoncer l’évangile de la Paix au monde entier et à marcher ensemble, je le cite :
« La paix soit avec vous tous ! Chers frères et sœurs, c’est la première salutation du Christ ressuscité, le Bon pasteur qui a donné sa vie pour le troupeau de Dieu. Je voudrais moi aussi que ce salut de paix entre dans vos cœurs, qu’il parvienne à vos familles, à tous les hommes, où qu’ils soient, à tous les peuples, à toute la terre. Que la paix soit avec vous ! Je veux marcher avec vous, en tant qu’Église unie, toujours à la recherche de la paix, de la justice, cherchant toujours à travailler comme des hommes et des femmes fidèles à Jésus-Christ, sans crainte, pour annoncer l’Évangile, pour être missionnaires ».
Notre pape nous encourage à « être une Église synodale, une Église qui marche, une Église qui cherche toujours la paix, qui cherche toujours la charité, qui cherche toujours à être proche surtout de ceux qui souffrent ».
Nous avons donc à écouter la voix du Christ et à chercher son visage, notamment dans les pauvres, les petits, ceux qui souffrent. Et c’est d’ailleurs cette attention aux plus vulnérables qui est ferment d’unité. Nous sommes des êtres de relation, créés pour la communion. Être en communion, c’est accepter de se décentrer de soi pour accueillir le regard de l’autre. Être en communion avec Dieu, c’est accepter de regarder sa vie avec Son regard de justice et de miséricorde, pour faire un pas de plus. Secouons de nos pieds tout ce qui est médisance, sentiment de supériorité ou d’infériorité, ou jalousie : libérons-nous de cela pour repartir léger.

Jésus est le chemin pour être uni au Père, comme Lui fait UN avec Son Père. Quelle grâce de prier ensemble le Notre Père, de nous reconnaître frères et sœurs, enfants du même Père. Tournons nous vers Jésus, l’agneau de Dieu. Il nous a exhorté à être uni à lui, à être greffé comme le sarment est attaché au cep, car sans Lui nous ne pouvons rien faire. Celui qui nous unit, le Christ, est tellement plus grand que ce qui nous divise : et cela est signe d’espérance !
Le Seigneur nous invite à l’accueillir avec tout notre être, tout notre cœur, pas simplement au niveau de la tête, là où malheureusement beaucoup de religieux et de pharisiens restaient bloqués et rejetaient Sa parole de vie. Ils n’arrivaient pas à se laisser toucher par cet élan de conversion.
Il faut dire que le message de Jésus, c’est de la dynamite aux oreilles de ces pharisiens. Juste avant ce passage d’évangile, les pharisiens mettent une pression énorme sur Jésus en lui disant : « Combien de temps vas-tu nous tenir en haleine ? Si c’est toi le Christ, dis-le-nous ouvertement ! ». Il était alors pour eux inaudible d’entendre Jésus se faire l’égal de Dieu lorsqu’Il leur répond : « le Père et moi, nous sommes UN ».
Alors, nous qui sommes son troupeau, écoutons la voix de Jésus, le bon berger, sa voix qui résonne dans l’Évangile, et suivons le Lui…
C’est alors que, comme les disciples après avoir été encouragés par Paul et Barnabé à rester attachés à la grâce de Dieu, nous serons remplis de joie et d’Esprit Saint !
Amen


Homélie de Gilbert Puiroux, diacre, le 27 avril 2025

Chers frères et sœurs dans le Christ,


En ce dimanche de la miséricorde notre cœur et nos prières sont encore tournées vers notre bien aimé pape François. Sa mort juste après le dimanche de pâques, met davantage en lumière notre espérance chrétienne dans la résurrection. Le Christ est ressuscité il est vraiment ressuscité, la mort est définitivement vaincue, nous le croyons !


Croire en la résurrection du Christ est au centre de notre foi, l’évangile de ce jour nous montre à travers l’attitude de Thomas que cela ne va pas toujours de soi.


Deux éléments majeurs peuvent faire obstacle pour croire en la résurrection : la peur et le doute.
Dans l’évangile de ce jour, les disciples sont enfermés car ils ont peur des autorités juives.


lls viennent de voir mourir leur ami, leur espoir est réduit au néant, Ils se sentent probablement seuls, sans repères et leur foi est encore fragile. Ils ont naturellement peur pour leur vie, l’avenir est plus qu’incertain ! La peur les paralyse.


Humainement la peur est inévitable, qui d’entre nous ne la jamais connue ? C’est une réaction naturelle, qui agit en nous pour le meilleur ou pour le pire !


La question n’est donc pas : “Peut-on éviter la peur ?” mais plutôt :“Que faisons-nous quand la peur est là ?” nous enfermons nous comme les disciples, devenons nous méfiants sur tout ? Laissons-nous notre mental imaginer le pire ? Ou choisissons nous d’agir malgré cette peur ? Mais alors comment trouver la force, le courage de surmonter nos peurs ?


Dans l’évangile il est dit que « Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. » Jésus vient malgré les portes fermées, pour leur dire : « La paix soit avec vous. »


C’est un geste fort : Jésus rejoint les disciples dans le lieu même de leur enfermement, là où ils sont fragiles pour leur donner courage et confiance.


Vous avez remarqué dans l’évangile que Les circonstances extérieures n’ont pas changé.
Les autorités juives sont toujours hostiles. Les disciples sont toujours en danger.


Et pourtant… ils passent de la peur à la paix parce que quelqu’un est entré dans leur vie. Jésus est là !
La paix vient de sa présence. Jésus n’apporte pas de solution. C’est parfois ce que nous attendons pour trouver la paix, que les choses s’arrangent ! et, si cela ne s’arrange pas, on risque alors de douter de la présence de Jésus et sombrer dans l’inquiétude, l’angoisse…


Mais La paix que donne Jésus est une paix qui ne dépend pas de ce qui se passe à l’extérieur, La paix que donne Jésus se passe à l’intérieur de nous, c’est une présence qui fait naître la confiance.


Jésus nous le dit dans l’ évangile de Jean «Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé.» (Jean 14,27)

Pendant son hospitalisation le pape François a été accompagné par le professeur Alfieri qui a partagé un moment particulièrement poignant, je le cite : « Dans la période la plus difficile, le pape François m’a tenu la main pendant quelques minutes comme s’il cherchait du réconfort».


La paix de Jésus se donne par son Esprit Saint, elle passe aussi par notre présence, par nos mains, nos regards, comme dans l’invitation à se donner la paix pendant la liturgie.


Ayant accueilli la paix de Jésus, le cœur des disciples est alors disposé à reconnaître le « ressuscité » : « Après cette parole, Jésus leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. » Les disciples croient en la résurrection de Jésus !


Mais Pour Thomas, cela ne va pas de soi. Les paroles de ses amis ne suffisent pas à le convaincre. Le doute de Thomas n’est pas un obstacle à sa foi mais plutôt un élan pour rechercher la vérité.
Thomas veut une rencontre directe avec Jésus, un contact authentique qui lui permettra de dépasser ses incertitudes.


Jésus connaît le cœur de Thomas, il ne le condamne pas et le rejoint dans son questionnement, dans ses doutes en lui disant : « Avance ton doigt, regarde mes mains. » Et ensuite, Jésus l’invite à grandir dans la foi : « Cesse d’être incrédule, sois croyant. »


Jésus aide Thomas à passer de la foi “sous condition” à la foi “confiante”, une foi d’abandon. De même, dans nos doutes, Dieu nous invite à une rencontre plus profonde avec lui.


Aujourd’hui, dans notre propre vie, nous avons tous des peurs, des doutes, des incertitudes. Mais comme Thomas, nous sommes invités à reconnaître le Seigneur vivant dans nos vies, à faire une rencontre personnelle avec Lui. Sommes nous prêts à accueillir cette paix, et à faire la même profession de foi que Thomas : ‘Mon Seigneur et mon Dieu !’ ? »


Si vos peurs ou vos doutes deviennent des obstacles, vous paralysent, vous font perdre la foi, vous éloignent de l’Eglise catholique, je vous encourage à revenir de tout votre cœur à Jésus, invoquez l’Esprit Saint pour « accueillir sa paix » et la joie de la résurrection ; L’Esprit vous guidera !


Seigneur, même dans mes moments de doute et de peurs, je veux croire en toi, je veux croire que tu ne me laisses jamais seul, et que chaque jour tu m’envoies ton Esprit de paix et d’amour. Donne moi de l’accueillir !

Amen.


Homélie de Patrice Ménard, diacre, le dimanche de Pâques 2025


Chers frères et soeurs en Christ ressuscité,

nous croyons en Dieu qui est la source de la Vie !
Alors qu’à vue humaine, la mort sonne la fin, notre Dieu ouvre un passage.


Les disciples étaient restés terrés, dans la peur, après l’atrocité de l’arrestation et la crucifixion de leur maître ; pour eux, tout était fini… Ils n’avaient pas encore compris qu’il fallait que Jésus passe par la mort.
« La mort et la vie s’affrontèrent en un duel prodigieux ! ».


Comme cela a dû les réveiller de leur désespoir cette nouvelle de Marie-Madeleine ! Aussitôt, Pierre et Jean se sont remis debout pour courir vers le tombeau !


Le Seigneur est tellement délicat, il laisse le temps nécessaire à chacun pour réaliser la nouveauté de sa présence. Pour Jean, le disciple bien aimé, il lui suffira de constater le tombeau vide : « il vit et il crut ». Nous ne savons pas ce qui se passe dans la tête de Pierre ; est-ce qu’il ose déjà croire que son ami Jésus a vaincu la mort, qu’il est le Dieu de Vie ?


En tout cas, lorsque nous retrouvons Pierre quelques semaines plus tard chez le ceinturon Corneille, quel aplomb, quelle parole d’autorité de Pierre affirmant la résurrection de Jésus : « nous en sommes témoins ! ».


Comment sommes-nous témoin aujourd’hui de cette foi en la Vie plus forte que la mort, comment sommes-nous témoin de ces germes de vie ?


Je suis certain que nous pourrions passer ici des jours, tous rassemblés, à nous partager les merveilles que Dieu a fait pour chacun de nous !


Voici 4 expériences récentes qui témoignent de cette Vie plus forte :


La première, c’est dans mon jardin : j’ai planté des bulbes un peu tardivement fin décembre, après Noël ; quelques premières pousses sont arrivées dès les premières chaleurs ; mais pour la majorité, rien. Je n’attendais plus rien, pour moi ils avaient dû pourrir en terre, quand soudain, alors que je n’y croyais plus, de petites pousses vertes sont sorties de terre pour illuminer à présent le jardin ! Quelle magnifique surprise et surtout quelle leçon ! J’avais manqué d’espérance, alors que dans le silence se déployait une énergie printanière qui allait illuminer le jardin de multiples couleurs.


Une deuxième expérience : celle de la rencontre d’une femme dont l’époux est malade. Elle me dit, « ça va y aller, on avance, toujours de l’avant ». Quelle force de vie dans cette attitude courageuse, pour faire face à l’adversité, sans naïveté. Elle me partageait encore : « on compte l’un sur l’autre, quand c’est moi qui flanche, c’est mon mari qui va de l’avant, et réciproquement, on se soutient ! » Dans ce temps d’épreuve, elle me témoigne qu’elle fait le choix de la vie, de se réjouir et de jouer avec les enfants qui lui sont confiés, et de ne pas écouter tout ce qui est morbide et nous fait désespérer, mais au contraire elle fait ce choix de vivre l’instant pleinement, de sourire, de se décentrer et de rester attentive aux autres. Je vois là dans cette énergie de vie l’oeuvre de Jésus ressuscité, le chef des vivants !

Troisième expérience, et quelle leçon de vie dans la rencontre avec cette famille endeuillée qui croit tellement fort que « le meilleur est à venir » pour l’être aimé qui vient de quitter cette vie terrestre. Quel grand trésor qu’est la foi en Jésus qui a vaincu la mort, qui est vivant et nous attend dans son Royaume, quelle Espérance !


Une quatrième expérience, c’est de contempler tous ces hommes et femmes qui rencontrent le Christ, se convertissent et se laissent transformer par lui en profondeur : tous ces catéchumènes baptisés hier lors de la veillée pascale dans tant d’églises ! Plus de 10 000 adultes et 7700 adolescents se sont préparés au baptême cette année dans toute la France. Leur ferveur et leur soif d’une vie résolument ancrée dans le Seigneur viennent nous stimuler ! Ils témoignent combien leur vie prend une saveur nouvelle en se découvrant tant et tant aimés par notre Dieu. Qu’il est beau de contempler leurs visages s’illuminer en accueillant cet Amour infini de notre Seigneur.


Voilà, il pourrait y avoir tant et tant de merveilles à partager !


Toutes ces expériences m’invitent, nous invitent, à être éveillé à la vie, debout, vivant ! « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ! » disait Saint Irénée.


Alors qu’il est bon de se rassembler aujourd’hui en Église, d’accueillir ces nouveaux baptisés, dont les familles font le choix de leur donner le meilleur de la vie, cette vie en Dieu, un Dieu qui éclate tous nos tombeaux, toutes nos peurs, nos lâchetés, nos replis sur nous-mêmes, et nous fait participer à son oeuvre de Création.


Tout à l’heure, les 4 enfants qui vont être baptisés vont recevoir le geste de l’« Effata» : le prêtre va toucher les oreilles et les lèvres des enfants en disant : « Effata », c’est-à-dire « ouvre-toi », ouvre tes oreilles, ouvre ta bouche, ouvre tout ton être pour accueillir au plus profond de toi la Vie de Jésus, pour la proclamer, pour la louange et la gloire de Dieu !


Viens Seigneur nous inonder de ton Esprit Saint, pour que nous puissions rayonner de ta Vie et de ta Joie, toi qui es la Source de la Vie éternelle !*


Homélie de Gilbert Puiroux, diacre, le 23 mars 2025

Chers frères et sœurs dans le Christ,


Dans l’évangile que nous venons d’entendre, des gens viennent voir Jésus pour lui rapporter le massacre de galiléens et la catastrophe de la tour de Siloé. Ils sont questionnés intérieurement par ces évènements sur la question du mal et de la souffrance.


En effet, ils pensaient que ces malheurs étaient infligés par Dieu en conséquence des péchés commis par les victimes. Jésus perçoit leur questionnement et leur répond que ces événements ne sont pas des punitions divines. Si Dieu condamne le péché, il ne punit pas et ne condamne pas le pêcheur.


Vous connaissez comme moi l’expression « Mais qu’est ce que j’ai pu faire au bon Dieu pour mériter cela ! » exprimant ainsi un sentiment d’incompréhension, d’injustice et parfois de révolte devant une situation difficile, pouvant aller jusqu’à nous éloigner de Dieu.


Comme disciples du Christ St Paul nous invite « à cesser de récriminer contre Dieu ».

Récriminer contre Dieu signifie se plaindre, protester, ou contester ce que Dieu permet ou fait. Cela revient à exprimer du mécontentement ou même parfois de la colère envers Dieu face aux épreuves, aux injustices apparentes ou aux souffrances.


Il est normal d’avoir des interrogations et parfois des doutes dans l’épreuve. Cependant toute la bible nous invite à faire confiance à Dieu même quand on ne comprend pas tout de ce que nous vivons.
Nous sommes invités à porter nos souffrances à Dieu avec humilité, dans la prière et à nous laisser conduire par Dieu pour faire de cette épreuve un chemin de conversion dans une attitude de foi et d’abandon. Cela demande souvent de la patience et donc du temps car ces chemins sont souvent difficiles.


Ces malheurs des Galiléens et de la tour de Siloé nous montrent combien la vie est fragile et que la mort peut malheureusement venir n’importe quand, nous le savons et cette fragilité de la vie, nous l’exprimons dans notre quotidien par des petites phrases comme « fais bien attention à toi » « sois prudent sur la route » ….


La mort peut nous surprendre…
C’est pour cela que Jésus prolonge sa réponse en disant : « si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux ». Reconnaissons que cette réponse a de quoi nous surprendre. S’agit-il pour Jésus de nous faire craindre Dieu ? Est-ce par la peur que nous allons nous convertir ?
Le mercredi des cendres le prêtre traçait sur notre front le signe de la croix en disant « convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle ». Il ne nous a pas dit « convertissez-vous ou vous périrez tous. » Pourtant c’est ce que Jésus nous dit aujourd’hui. Remarquer que Jésus n’a pas dit « Dieu vous fera périr ».

Alors pourquoi cette mise en garde ?
Jésus veut nous réveiller, nous sortir de nos torpeurs, de nos habitudes religieuses, quotidiennes. Il veut que chaque jour soit un jour nouveau ! La foi ne doit pas être considérée comme acquise une fois pour toute. Dans ce temps de carême nous prenons très au sérieux ce matin cet appel de Jésus « convertissez-vous », et cet appel nous le recevons non pas dans la crainte mais dans la confiance.
L’expression « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » (Marc 1,15) est un appel fondamental de Jésus dès le début de son ministère, c’est la condition pour le suivre et vivre de sa vie.


Mais qu’est ce que se convertir ?
Se convertir passe par une transformation intérieure de notre cœur et une adhésion profonde au message du Christ qui nous dit « aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
Mère TERESA disait : « Ce qui importe, c’est le degré d’amour que vous mettrez en chacun de vos gestes… Qui donne avec joie donne mieux. » Le voilà tracer notre chemin de conversion : tout faire par amour, enfin, essayer de tout faire par amour.


Pour savoir si nous faisons tout par amour, il faut questionner notre cœur. Prendre le temps chaque jour d’arrêter nos activités pour faire notre examen de conscience, relire notre journée sous le regard de Dieu : ma relation aux personnes rencontrées, la manière dont j’ai vécu ma journée, ma relation à Dieu…
Alors le Seigneur nous montre l’état de notre cœur et, si notre cœur est tourné vers le Seigneur, alors comme pour le figuier, dans la patience et l’amour, Jésus nous apprend l’humilité, le pardon, il nous donne un regard renouvelé sur les personnes autour de nous, fait naître dans notre cœur de la gratitude envers Dieu.


Chaque jour peut devenir, petit à petit, un jour nouveau.
Dans notre marche vers Pâques,
Demandons au Seigneur d’enlever toutes craintes de notre cœur en transformant notre regard sur lui,
Demandons au Seigneur de nous aider à vivre avec nos fragilités et d’en faire le lieu de notre conversion.
Demandons au Seigneur de nous apprendre à « nous aimer les uns les autres » pour faire de chaque jour, un jour nouveau.

Amen.


Conversation avec des sœurs Missionnaires de l’Évangile le dimanche 2 février 2025, fête de la vie consacrée

Patrice : Chers frères et sœurs en Christ,


Quelle scène bouleversante de l’évangile en ce jour : le vieillard Syméon recevant dans ses bras l’enfant Dieu. Jésus est alors un petit bébé ; il a seulement 40 jours, selon le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification. (Et effectivement, aujourd’hui 2 février, 40 jours se sont écoulés depuis Noël). Pendant longtemps, j’imaginais Syméon porter Jésus à bout de bras, comme dans cette scène si connue du roi lion où le singe Rafiki, le sage, présente le petit Simba à tout le monde… Aujourd’hui, en relisant ce passage, j’ai plutôt l’image très douce de l’enfant Dieu, l’Alpha et l’Oméga, blotti dans les bras du vieil homme. Quelle joie profonde et quelle plénitude de Paix dans ces paroles de Syméon qui exulte, sous l’action de l’Esprit Saint :
« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
Ces paroles de bénédiction sont chantées et méditées par tous les consacré(e)s du monde entier lors de la prière des complies, chaque soir, avant de s’endormir.
Alors, je vais m’adresser aux 3 sœurs Missionnaires de l’évangile qui nous font la Joie de leur présence parmi nous ce matin :


• Quels liens faites-vous entre cette fête de la présentation du Seigneur et votre vie de consacrée ?
Sœur Fabienne : La présentation du Seigneur marque l’arrivée du sauveur du monde grâce à la prophétie du vieillard Syméon, grâce à ses parents et à leur bénédiction pour lui. Au moment de leur première profession, les consacrés reçoivent aussi la bénédiction de leurs parents. Comme Joseph et Marie qui offrent Jésus à Dieu, les parents bénissent l’offrande de leur enfant au Seigneur. Après, comme Jésus a donné sa vie pour le salut de tous, les consacrés sont appelés par lui, à porter la bonne nouvelle par le témoignage vécu et partagé. Ainsi les consacrés sont appelés comme Jésus à accomplir leur mission avec humilité et simplicité.
Le don de moi-même que je fais chaque jour me permet de vivre cette simplicité et humilité et de cultiver l’esprit synodale pour faciliter la mission qui m’est confiée avec mes sœurs. Cette mission, j’essaie de l’accomplir avec liberté et générosité et cela me rend heureuse. La Lumière de la bougie signifie pour moi accepter de donner ma vie jusqu’au bout et d’accepter la volonté de Dieu dans les réalités quotidiennes.


• En quoi les vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance peuvent être signe d’espérance aujourd’hui pour notre monde ?
Sœur Reine-Marie : Pas facile de répondre…
D’abord, ces trois vœux de pauvreté, chasteté et d’obéissance, on les appelle aussi « Conseils évangéliques » et ces conseils valent pour tous les chrétiens. En fait, ces 3 voeux n’en font qu’un, celui de vouer, de donner toute sa vie au Seigneur et les religieux font ce voeu publiquement dans l’Église.
Alors, comment ces 3 conseils peuvent être signe d’espérance aujourd’hui pour notre monde ? Jésus a vécu pleinement ces 3 conseils évangéliques et il nous invite à les vivre en communion avec lui. Demandons lui de les vivre en nous.
On dit souvent : « Je veux me débrouiller tout seul, je n’ai besoin de personne ! » Mais Jésus nous invite à la pauvreté, c’est-à-dire, à accepter de mettre en commun ce que nous avons et à partager et dans nos relations, à accepter de recevoir des autres, de dire merci. Recevoir et donner donnent beaucoup de joie… Mais il faut le choisir !
On dit souvent : « L’important, c’est de profiter de la vie et puis, chacun pour soi ! » Mais Jésus nous invite aussi à la chasteté, c’est-à-dire, à reconnaitre que nous sommes aimés par le Seigneur. Il nous invite à aimer à notre tour, toute personne rencontrée sans jamais nous l’approprier ou en faire notre objet et sans jamais nous laisser approprier par les autres. Accueillir et recevoir un tel amour vrai et gratuit peut apporter beaucoup de bonheur dans toutes nos relations.
Enfin, on entend souvent dire : « Je fais ce que je veux… ça ne regarde que moi ! ». Mais Jésus nous invite à l’obéissance et c’est en le regardant vivre qu’on peut deviner ce que ça veut dire. Jésus, contemplait souvent son Père, Il partageait avec Lui, dans la prière, sans doute ses rencontres, sa compassion, ses joies et sa souffrance… Il contemplait aussi le projet ou le souhait de son Père et il était tellement en accord avec Lui, qu’Il faisait la volonté de ce Père de son plein gré, de bon cœur et en adhérant à ce projet et Il est allé jusqu’au bout dans une pleine confiance. C’est sans doute cela la vraie obéissance.
Déjà, nous essayons tous de suivre ces conseils que Jésus a vécus Lui-même, et cela fait grandir le Royaume de Dieu, nous apporte la joie, réconforte ceux que nous côtoyons. En faisant cela, nous faisons l’expérience d’être aimés de Dieu et notre foi en est fortifiée. Et cette Espérance, Jésus nous demande de la communiquer à nos contemporains pour qu’elle devienne leur lumière.


• En quoi votre vie communautaire, avec sa dimension interculturelle, est-elle également signe d’espérance ?
Sœur Fabienne : Les consacrés mettent le Christ au centre de la communauté.
Comme un capitaine, Jésus conduit le bateau sur la mer jusqu’à l’autre rive. Nous le vivons par la prière, le partage, la souplesse quotidienne, la flexibilité et en étant réaliste. Chaque membre est responsable de la bonne marche et est témoin de l’Évangile. Pour vivre les différences culturelles, il faut s’appuyer sur ce que nous avons en commun et oser partager entre nous les choses concrètes de nos cultures. Les membres de la communauté sont appelés à faire régner la communion par l’écoute mutuelle et l’entraide, à vivre les différences par l’ouverture et la compréhension.
Vivre ensemble un même projet nous mène vers le Royaume de Dieu (Aimer, servir le Christ pour le Royaume de Dieu).


Patrice : Merci infiniment pour votre témoignage, pour le don de votre vie, pour être signe de la présence de Jésus au coeur du monde. Votre vie donnée illustre cette parole de Sainte Thérèse que l’on retrouve sur l’affiche crée pour cette fête de la vie consacrée : « Aimer, c’est tout donner ! »


Avec vous, reprenons cet hymne chanté lors de la prière des Vêpres, chaque mercredi en fin de journée :
« Cachés au creux de ton mystère, Nous te reconnaissons Sans jamais te saisir. Le pauvre seul peut t’accueillir, D’un coeur brûlé d’attention, Les yeux tournés vers ta lumière ».
Nous sommes invités à nous faire pauvre, humble comme le vieillard Syméon pour recueillir dans nos bras notre Dieu qui s’est fait encore plus petit, Lui la lumière du monde


Homélie de Patrice Ménard, diacre, 1er dimanche de carême
9 mars 2025

parole contre Parole !

Chers frères et sœurs dans le Christ,
Remarquons que c’est après avoir reçu le baptême et que Jésus est rempli d’Esprit Saint que le
diable vient le tenter. Cela signifie pour nous que le fait d’être baptisé, de croire, d’être rempli de
l’Esprit Saint ne nous épargne pas des tentations, au contraire.
Certains d’entre nous ont vu le film «le grand miracle » voici 15 jours. On y voit de petits démons
qui viennent titiller les personnes qui viennent se présenter pour recevoir le sacrement du
pardon : ils viennent les déconcentrer de ce pourquoi ils sont là ; ils viennent les empêcher de se
rapprocher du Seigneur. On pourrait donc dire que, plus il y a un enjeu pour vivre toujours
davantage de l’amour de Dieu, plus il y a des tentations, plus le malin se déchaîne et le combat
spirituel est fort. Le malin fait tout pour nous détourner de notre vocation qui est de louer notre
Seigneur et d’être ensemble, en communion avec Lui.
Plus nous essayons de vivre en amitié, en union avec le Seigneur, plus nous devenons familiers
de la lecture de Sa parole, plus notre discernement s’éclaire alors pour repérer ces tentations. La
spiritualité ignatienne qui sait distinguer nos mouvements intérieurs est d’une grande aide pour
discerner et repérer ce qui est l’œuvre du Seigneur ou de l’ennemi… Est-ce que cette décision
procure en moi une grande paix intérieure, même si elle est difficile, ou plutôt un trouble et de la
fébrilité ?
Dans ce récit, nous apprenons que Jésus jeûne depuis 40 jours. Et c’est dans ce contexte de
vulnérabilité et de solitude qu’il est tenté par le diable. Le diable va tout faire, épuiser toutes les
formes de tentation, pour détourner Jésus de sa mission :
La première tentation est : changer une pierre en pain. Il s’agit de la tentation du matérialisme.
Elle symbolise notre tendance à satisfaire nos besoins immédiats et à chercher le confort
matériel avant tout.
La deuxième tentation est : accepter de servir le diable en échange du pouvoir sur le monde. C’est
la tentation de la domination, de la puissance. Cette tentation représente le désir de pouvoir, de
gloire. Elle symbolise notre ambition démesurée et notre désir de contrôler les autres.
La troisième tentation est : se jeter du haut du Temple pour être sauvé par des anges. C’est la
tentation de paraître, la tentation de l’orgueil. Elle symbolise notre tendance à vouloir prouver
notre valeur et à mettre Dieu à l’épreuve.
Nous sommes les uns et les autres bien différents, avec nos propres histoires, et ne sommes pas
tous éprouvés par les mêmes tentations. On dit que le diable, le malin, souvent représenté dans
l’art comme un serpent, est rusé. Mais il n’est pas si inventif : il est doué pour repérer nos
faiblesses ; il utilise alors les mêmes subterfuges, et nous tombons souvent dans le même
panneau, avec les mêmes travers. C’est assommant et cela peut être décourageant si on s’arrête
là-dessus.
Une des ruses de l’ennemi est de faire croire qu’il n’existe pas. Et quand on ignore qu’on a un
ennemi, on n’est pas vigilant, on n’est pas prêt au combat.
Dans ce récit, Jésus n’est pas dupe, Il fait face au malin. C’est parole contre Parole : on voit
comment la parole est instrumentalisée par le démon qui cite des versets pour tenter Jésus. Et
Jésus répond, sans flancher, Lui qui est justement la Parole, le Verbe fait chair. Il est entièrement
tourné vers son Père, pour faire non pas sa volonté, mais la volonté de son Père.
Nous avons entendu dans le Psaume ce verset : « Tu marcheras sur la vipère et le scorpion ». C’est
une manière de dire que le malin ne peut rien faire si on ne lui ouvre pas la porte ; il n’a pas cette
puissance-là. Il ne faut pas avoir peur de lui car il n’a pas de pouvoir sur nous.
Notre liberté est soit de rester ferme, comme Jésus, soit de consentir à entrer dans la tentation.
De nombreux films abordent ce thème du combat spirituel ; je pense notamment à star Wars dans
l’épisode où le chevalier Jedi Anakin Skywalker consent à laisser entrer en lui la force obscure en
devenant le terrible Dark Vador afin d’obtenir puissance et domination. En trahissant ses valeurs,
le mal va alors le ronger de l’intérieur…
La 2e
lecture souligne la force de la Parole : face au mal, il nous faut porter une parole claire, qui
évite toute confusion ; nous sommes aujourd’hui dans un monde où il y a beaucoup de confusion,
des mots utilisés à tort et à travers et où on perd le sens.
Face à ce qui est confus, Jésus remet de l’ordre, avec une parole d’autorité. C’est l’œuvre du
Seigneur qui nous connaît mieux que nous-mêmes. Il vient nous restaurer, il nous donne d’être
unifié. La Parole de Dieu, elle est dans ta bouche, elle est dans ton cœur !
Il est bon pour chacun de nous de faire mémoire de tous les moments où nous avons été libérés,
sauvés du mal, comme Moïse l’a demandé au Peuple, pour ne pas oublier les bienfaits du
Seigneur.
Oui, qu’il est juste et bon de rendre gloire à Dieu pour ses victoires, de le louer : cela fortifie notre
foi, remet les choses dans le bon ordre ! La louange est un des meilleurs moyens de ne pas entrer
en tentation car elle permet de nous décentrer de nous-même, de nous tourner vers le Seigneur,
lui dire Merci. Nous sommes faits pour la louange…
Jésus est la Parole de vie, Il est vainqueur ; il a vaincu le mal, en restant fidèle à son Père ; il a été
tenté mais il est sorti victorieux, et le malin l’a quitté. Quelle espérance !
En cette année du Jubilé de l’espérance, mettons notre foi dans le Christ, lui qui est vainqueur de
tout mal.
C’est toi Seigneur mon refuge, mon rempart, mon Dieu dont je suis sûr !


Homélie de Gilbert Puiroux, diacre,

le 8 juillet 2024,

à Saint-Pierre-en-Vaux

Chers frères et sœurs dans le Christ,


Les paroles de St Paul ont de quoi nous interroger aujourd’hui quand il dit : « car lorsque je
suis faible, c’est alors que je suis fort. » Comment peut on être fort quand on est faible ?
Cela est pour le moins paradoxal.
Je pense que les uns et les autres nous n’aimons pas être faibles, nous n’avons pas appris
à montrer nos faiblesses, ni même parfois à les reconnaître.
Nous préférons cacher nos faiblesses, par vulnérabilité, par peur d’être jugés, de dépendre
des autres.
La faiblesse existe sous différentes formes. Elle peut être d’ordre physique, psychologique.
Elle est représentée par nos deuils, nos peurs, nos accidents, nos tâtonnements, nos
enfermements, nos dépendances affectives, nos émotions essentiellement négatives, nos
contradictions, nos difficultés à communiquer.
Nous comprenons alors pourquoi il est si difficile de reconnaître nos faiblesses et encore
plus difficile qu’elles soient visibles.
Saint Paul non plus ne voulait pas accepter sa faiblesse puisqu’à trois reprises il a prié le
Seigneur de l’en délivrer. Le Seigneur ne l’a pas exaucé mais lui a donné la grâce
d’accepter sa faiblesse et d’en faire une force pour accomplir son ministère dans l’annonce
de l’évangile.
La faiblesse n’est pas une vertu mais une réalité fondamentale de notre condition humaine.
La société vante au contraire la force, la santé physique, intellectuelle, psychologique, qui
sont synonymes d’épanouissement et de réussite. On aime paraître fort. On préfère l’illusion
de la force à la réalité de la faiblesse. Pourtant nous sommes tous faibles et nul n’est plus
faible que celui qui se croit faussement fort.
Que peut bien vouloir nous dire St Paul à travers son témoignage ? en quoi cette
affirmation peut-elle nous aider à grandir dans notre confiance en Dieu ?
Remarquons que St Paul a reçu des révélations qui sont tellement extraordinaires que le
danger était grand pour lui que son orgueil le pousse à se surestimer. Le psaume fait
également écho au danger de l’orgueil : nous sommes rassasiés du rire des satisfaits,
du mépris des orgueilleux.
L’orgueil est le refus fondamental de reconnaître ses limites et en particulier de reconnaître
ce que l’on doit à Dieu et aux autres. Les Pères de l’Eglise voient dans l’orgueil l’origine de
tout péché. L’orgueil est à la racine de tout mal. Alors, que nous le reconnaissions ou non,
nous avons tous à lutter contre l’orgueil qui est en nous.
Nous comprenons mieux pourquoi Le Seigneur n’a pas délivré Paul de son écharde car la
délivrance aurait entrainé un mal encore plus grand pour lui et pour les autres en laissant
son orgueil se déployer.
La conscience de nos faiblesses donne l’humilité du coeur. il faut donc entourer la faiblesse
de tous nos soins.
Comprendre sa faiblesse et l’accepter permet d’enrichir sa vie intérieure car c »est au coeur
de notre faiblesse que l’Esprit Saint vient nous donner sa force. Il nous aide à tenir debout
dans la vie et dans l’adversité.
Il se peut que parfois nous trouvions que la vie nous impose des épreuves insurmontables
tant elles nous meurtrissent et semblent nous anéantir, mais comme saint Paul le dit dans
sa 1ère lettre aux Corinthiens,  » Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez
éprouvés au-delà de vos forces. Mais avec l’épreuve il donnera le moyen d’en sortir et la
force de la supporter.. »
comme la Vierge Marie au pied de la croix. «l’Esprit Saint vient au secours de notre
faiblesse » (Rm 8, 26)
Accepter notre impuissance, notre ignorance et notre pauvreté est une invitation à créer
avec les autres des relations de non-puissance : en effet, reconnaissant notre faiblesse
nous pouvons accepter celle des autres et la faire nôtre, à l’imitation du Christ, serviteur
doux et humble de cœur.
A l’opposé, ne pas reconnaître sa faiblesse nous conduit, comme le dit Saint Paul à nous
laisser conduire par notre orgueil qui nous fera penser que nous sommes supérieurs aux
autres en nous surestimant.
Et nous voyons les conséquences graves de l’orgueil dans ce passage de l’évangile où
Jésus enseigne dans une synagogue. Vous aurez remarqués que dans un premier temps
les auditeurs sont frappés d’étonnement, ils reconnaissent la sagesse des paroles de Jésus
ainsi que les grands miracles qui se réalisent par ses mains. Mais l’orgueil ferme la porte de
leur cœur pour des raisons futiles « c’est le fils du charpentier et de Marie », les poussant à
rejeter Jésus, préférant les ténèbres à la lumière.
Dans les faiblesses que nous portons, Dieu nous adresse cette parole à chacun de nous ce
matin : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. »
Heureux sommes nous si nous reconnaissons notre faiblesse et demandons au Seigneur la
grâce qu’elle ne soit jamais source d’isolement, de jalousie, de fermeture du coeur, de de
tristesse ou de désespoir,
mais au contraire, demandons la grâce que notre faiblesse nous conduise à toujours plus
d’humilité, à la main tendue aux frères et sœurs pour aider et être aidés, à remettre
simplement nos vies dans les mains du Seigneur pour qu’elles deviennent une force
d’amour.
Marie ne cesse de nous l’enseigner dans son magnificat : Déployant la force de son bras, il
disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
D’un cœur confiant Seigneur, entre tes mains je remets ma faiblesse.

Amen