Homélies


Homélie de Gilbert Puiroux, diacre,

le 8 juillet 2024,

à Saint-Pierre-en-Vaux

Chers frères et sœurs dans le Christ,


Les paroles de St Paul ont de quoi nous interroger aujourd’hui quand il dit : « car lorsque je
suis faible, c’est alors que je suis fort. » Comment peut on être fort quand on est faible ?
Cela est pour le moins paradoxal.
Je pense que les uns et les autres nous n’aimons pas être faibles, nous n’avons pas appris
à montrer nos faiblesses, ni même parfois à les reconnaître.
Nous préférons cacher nos faiblesses, par vulnérabilité, par peur d’être jugés, de dépendre
des autres.
La faiblesse existe sous différentes formes. Elle peut être d’ordre physique, psychologique.
Elle est représentée par nos deuils, nos peurs, nos accidents, nos tâtonnements, nos
enfermements, nos dépendances affectives, nos émotions essentiellement négatives, nos
contradictions, nos difficultés à communiquer.
Nous comprenons alors pourquoi il est si difficile de reconnaître nos faiblesses et encore
plus difficile qu’elles soient visibles.
Saint Paul non plus ne voulait pas accepter sa faiblesse puisqu’à trois reprises il a prié le
Seigneur de l’en délivrer. Le Seigneur ne l’a pas exaucé mais lui a donné la grâce
d’accepter sa faiblesse et d’en faire une force pour accomplir son ministère dans l’annonce
de l’évangile.
La faiblesse n’est pas une vertu mais une réalité fondamentale de notre condition humaine.
La société vante au contraire la force, la santé physique, intellectuelle, psychologique, qui
sont synonymes d’épanouissement et de réussite. On aime paraître fort. On préfère l’illusion
de la force à la réalité de la faiblesse. Pourtant nous sommes tous faibles et nul n’est plus
faible que celui qui se croit faussement fort.
Que peut bien vouloir nous dire St Paul à travers son témoignage ? en quoi cette
affirmation peut-elle nous aider à grandir dans notre confiance en Dieu ?
Remarquons que St Paul a reçu des révélations qui sont tellement extraordinaires que le
danger était grand pour lui que son orgueil le pousse à se surestimer. Le psaume fait
également écho au danger de l’orgueil : nous sommes rassasiés du rire des satisfaits,
du mépris des orgueilleux.
L’orgueil est le refus fondamental de reconnaître ses limites et en particulier de reconnaître
ce que l’on doit à Dieu et aux autres. Les Pères de l’Eglise voient dans l’orgueil l’origine de
tout péché. L’orgueil est à la racine de tout mal. Alors, que nous le reconnaissions ou non,
nous avons tous à lutter contre l’orgueil qui est en nous.
Nous comprenons mieux pourquoi Le Seigneur n’a pas délivré Paul de son écharde car la
délivrance aurait entrainé un mal encore plus grand pour lui et pour les autres en laissant
son orgueil se déployer.
La conscience de nos faiblesses donne l’humilité du coeur. il faut donc entourer la faiblesse
de tous nos soins.
Comprendre sa faiblesse et l’accepter permet d’enrichir sa vie intérieure car c »est au coeur
de notre faiblesse que l’Esprit Saint vient nous donner sa force. Il nous aide à tenir debout
dans la vie et dans l’adversité.
Il se peut que parfois nous trouvions que la vie nous impose des épreuves insurmontables
tant elles nous meurtrissent et semblent nous anéantir, mais comme saint Paul le dit dans
sa 1ère lettre aux Corinthiens,  » Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez
éprouvés au-delà de vos forces. Mais avec l’épreuve il donnera le moyen d’en sortir et la
force de la supporter.. »
comme la Vierge Marie au pied de la croix. «l’Esprit Saint vient au secours de notre
faiblesse » (Rm 8, 26)
Accepter notre impuissance, notre ignorance et notre pauvreté est une invitation à créer
avec les autres des relations de non-puissance : en effet, reconnaissant notre faiblesse
nous pouvons accepter celle des autres et la faire nôtre, à l’imitation du Christ, serviteur
doux et humble de cœur.
A l’opposé, ne pas reconnaître sa faiblesse nous conduit, comme le dit Saint Paul à nous
laisser conduire par notre orgueil qui nous fera penser que nous sommes supérieurs aux
autres en nous surestimant.
Et nous voyons les conséquences graves de l’orgueil dans ce passage de l’évangile où
Jésus enseigne dans une synagogue. Vous aurez remarqués que dans un premier temps
les auditeurs sont frappés d’étonnement, ils reconnaissent la sagesse des paroles de Jésus
ainsi que les grands miracles qui se réalisent par ses mains. Mais l’orgueil ferme la porte de
leur cœur pour des raisons futiles « c’est le fils du charpentier et de Marie », les poussant à
rejeter Jésus, préférant les ténèbres à la lumière.
Dans les faiblesses que nous portons, Dieu nous adresse cette parole à chacun de nous ce
matin : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. »
Heureux sommes nous si nous reconnaissons notre faiblesse et demandons au Seigneur la
grâce qu’elle ne soit jamais source d’isolement, de jalousie, de fermeture du coeur, de de
tristesse ou de désespoir,
mais au contraire, demandons la grâce que notre faiblesse nous conduise à toujours plus
d’humilité, à la main tendue aux frères et sœurs pour aider et être aidés, à remettre
simplement nos vies dans les mains du Seigneur pour qu’elles deviennent une force
d’amour.
Marie ne cesse de nous l’enseigner dans son magnificat : Déployant la force de son bras, il
disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
D’un cœur confiant Seigneur, entre tes mains je remets ma faiblesse.

Amen